Le marc de café figure parmi les astuces de jardinage les plus populaires. Nombreux sont les jardiniers qui recyclent ces résidus bruns dans leurs pots et plates-bandes, convaincus de faire un geste à la fois écologique et bénéfique pour leurs végétaux. Pourtant, cette pratique peut s’avérer néfaste pour certaines plantes. Contrairement aux idées reçues, toutes les espèces ne réagissent pas favorablement à cet amendement. Certaines peuvent même subir des dommages considérables suite à un apport de marc de café, compromettant leur croissance et leur floraison. Avant d’épandre ces résidus dans votre jardin, découvrez quelles plantes risquent d’en souffrir et pourquoi.

Comprendre les propriétés du marc de café pour les végétaux

Le marc de café possède une composition complexe qui influence directement son interaction avec les plantes. Riche en azote, phosphore et potassium, il contient les nutriments essentiels que l’on retrouve dans les engrais commerciaux. Cependant, ces éléments ne sont pas immédiatement assimilables par les plantes et restent emprisonnés dans le sol pendant environ neuf mois avant d’être disponibles pour les végétaux.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le marc de café usagé présente un pH relativement neutre, se situant généralement entre 6,5 et 6,8 après infusion. Son effet acidifiant sur le sol reste temporaire et s’estompe après décomposition. Plus préoccupant, le marc contient de la caféine, des tannins et des polyphénols qui agissent comme des substances toxiques pour certaines plantes, inhibant leur croissance et perturbant leur développement. La caféine, notamment, possède un effet allélopathique qui peut empêcher la germination des graines et ralentir la croissance de certaines espèces végétales.

Les végétaux sensibles à l’acidité du marc

Bien que l’effet acidifiant du marc de café soit temporaire, il suffit à perturber l’équilibre de certaines plantes qui préfèrent les sols neutres ou alcalins. Les plantes méditerranéennes, notamment, réagissent mal à cette modification du pH. Lorsque ces végétaux sont exposés à un sol trop acide, ils présentent des symptômes caractéristiques : jaunissement des feuilles (chlorose), croissance ralentie et développement entravé.

Ce déséquilibre perturbe l’absorption des nutriments essentiels. Dans un sol acidifié par le marc de café, certains minéraux deviennent moins disponibles pour les plantes, tandis que d’autres peuvent atteindre des concentrations toxiques. Les végétaux sensibles à l’acidité se retrouvent alors en situation de stress nutritionnel, incapables d’assimiler correctement les éléments dont ils ont besoin pour leur métabolisme.

Plantes ornementales à protéger

Plusieurs plantes décoratives de nos jardins souffrent particulièrement d’un apport de marc de café. Voici les principales espèces ornementales à préserver de cet amendement :

• Lavande : Cette plante méditerranéenne préfère les sols calcaires avec un pH entre 6,5 et 8. Le marc de café perturbe son équilibre et peut provoquer un dépérissement.
• Géraniums : Sensibles aux variations de pH, ils réagissent mal à l’acidité temporaire du marc et peuvent présenter un jaunissement des feuilles.
• Lilas : Cet arbuste ornemental préfère les sols neutres à légèrement alcalins (pH 6-7). L’apport de marc de café peut compromettre sa floraison.
• Rosiers : Bien qu’ils tolèrent une légère acidité, les rosiers sont sensibles à la caféine présente dans le marc, qui peut inhiber leur croissance.
• Campanule : Cette vivace à fleurs bleues préfère les sols neutres et souffre en présence de marc de café.
• Sauge (Salvia) : Plante aromatique méditerranéenne, elle préfère les sols bien drainés et neutres.
• Thym et Romarin : Ces aromatiques méditerranéennes préfèrent les sols calcaires et secs, l’opposé des conditions créées par le marc de café.

Légumes et fruits incompatibles

Le potager n’échappe pas aux effets néfastes du marc de café sur certaines espèces. Voici un tableau des principaux légumes et fruits qui supportent mal cet amendement :

Végétal	Niveau de sensibilité	Symptômes observables
Asperges	Élevé	Jaunissement des tiges, croissance ralentie, préfère un pH neutre (6,5-7,0)
Tomates	Moyen	Feuillage excessif au détriment des fruits, sensibles à l’excès d’azote
Poivrons et Aubergines	Moyen	Croissance ralentie, production fruitière réduite
Courgettes et Courges	Moyen	Développement limité, sensibilité à la caféine
Concombres et Melons	Moyen	Croissance entravée, fructification réduite
Carottes et Radis	Élevé	Germination inhibée par la caféine, racines déformées
Laitues et légumes-feuilles	Élevé	Système racinaire superficiel perturbé, compactage du sol

Plantes d’intérieur à préserver du marc de café

Les plantes d’intérieur constituent un groupe particulièrement vulnérable aux effets néfastes du marc de café. Les orchidées, notamment, réagissent très mal à cet amendement. Leur système racinaire délicat, souvent aérien, est sensible à l’acidité et aux substances contenues dans le marc. Une exposition à ces résidus peut rapidement conduire à un pourrissement des racines et au dépérissement de la plante.

Les cactus et succulentes figurent également parmi les plantes d’intérieur à protéger du marc de café. Ces espèces, adaptées aux environnements arides, préfèrent les sols bien drainés et secs. Le marc de café, en retenant l’humidité, crée des conditions propices au développement de moisissures et au pourrissement des racines. De plus, ces plantes préfèrent généralement un substrat neutre à légèrement alcalin, à l’opposé des conditions créées par le marc. Les plantes grasses peuvent rapidement montrer des signes de stress comme un ramollissement des tiges ou un jaunissement des feuilles lorsqu’elles sont exposées à cet amendement.

Arbustes et arbres fruitiers sensibles

Plusieurs arbustes ornementaux et fruitiers manifestent une intolérance au marc de café. Le lilas (Syringa vulgaris), arbuste très apprécié pour sa floraison parfumée, préfère les sols neutres à légèrement alcalins. L’apport de marc de café peut perturber sa floraison et affaiblir sa résistance aux maladies. Les thuyas (Thuja occidentalis), souvent utilisés comme haies, montrent également une sensibilité à cet amendement, préférant des sols avec un pH entre 6 et 8.

Concernant les arbres fruitiers, plusieurs espèces réagissent négativement au marc de café. Les cerisiers, pêchers et abricotiers sont particulièrement sensibles à la modification du pH et aux substances contenues dans le marc. Ces arbres peuvent manifester un stress par une réduction de leur production fruitière, un affaiblissement général et une plus grande vulnérabilité aux maladies. La caféine présente dans le marc peut interférer avec les processus métaboliques de ces arbres, perturbant leur cycle de croissance et de fructification. Pour ces espèces, mieux vaut privilégier des amendements plus adaptés comme le compost bien décomposé ou des engrais spécifiques pour arbres fruitiers.

Alternatives naturelles pour fertiliser ces végétaux

Pour nourrir les plantes sensibles au marc de café, plusieurs alternatives naturelles s’offrent à vous. Le compost mûr constitue l’option la plus polyvalente. Riche en nutriments et en matière organique, il améliore la structure du sol sans perturber son pH. Pour les plantes méditerranéennes comme la lavande ou le romarin, les cendres de bois représentent un excellent amendement, apportant potassium et calcium tout en augmentant légèrement le pH du sol.

Les purins végétaux offrent une alternative liquide efficace. Le purin d’ortie, riche en azote, stimule la croissance des légumes-feuilles, tandis que le purin de consoude, concentré en potassium, favorise la floraison et la fructification. Pour les plantes d’intérieur, l’eau de riz constitue un fertilisant doux et équilibré, contenant des quantités modérées d’azote, de phosphore et de potassium. Les algues marines, disponibles sous forme de poudre ou d’extrait liquide, fournissent des oligo-éléments précieux et des hormones de croissance naturelles, particulièrement bénéfiques pour les plantes ornementales sensibles au marc de café.

Signes d’intolérance à surveiller

Si vous avez déjà utilisé du marc de café sur vos plantes, restez attentif aux symptômes révélateurs d’une intolérance. Le jaunissement des feuilles (chlorose) constitue souvent le premier signal d’alerte, particulièrement visible sur les jeunes pousses. Ce symptôme indique généralement un déséquilibre nutritionnel causé par l’altération du pH du sol. Un ralentissement marqué de la croissance ou un flétrissement inexpliqué malgré un arrosage adéquat peuvent également signaler une réaction négative au marc de café.

Si vous constatez ces symptômes, agissez rapidement pour remédier à la situation. Commencez par cesser tout apport supplémentaire de marc. Pour les plantes en pot, un rempotage dans un substrat frais peut s’avérer nécessaire. Dans le jardin, diluez l’effet du marc en incorporant du compost mûr ou de la chaux agricole pour neutraliser l’acidité. Un arrosage abondant peut aider à lessiver les substances nocives. Pour les cas sévères, notamment avec les plantes préférant les sols alcalins, l’application de cendres de bois ou de chaux agricole comme le Soil Doctor Garden Lime peut aider à rétablir un pH favorable.

Conseils pratiques pour l’utilisation raisonnée du marc

Pour tirer profit du marc de café sans nuire à vos plantes, quelques règles s’imposent. Limitez son utilisation aux espèces qui l’apprécient véritablement, comme les azalées, rhododendrons, hortensias, myrtilliers et fougères. Pour ces plantes acidophiles, n’appliquez pas plus de 4 fois par an une fine couche de marc, idéalement mélangée à d’autres matières organiques pour éviter le compactage.

Le compostage préalable du marc représente la méthode la plus sûre. Incorporez-le à votre tas de compost où il se décomposera avec d’autres déchets organiques, neutralisant ainsi sa teneur en caféine et stabilisant son pH. Pour les plantes d’intérieur, la prudence reste de mise : limitez l’application à une fois tous les six mois maximum. Si vous souhaitez utiliser le marc comme répulsif contre les limaces et escargots, optez plutôt pour une solution liquide diluée (1 à 2%) appliquée directement sur le sol autour des plantes menacées, mais à distance des espèces sensibles. Cette approche ciblée vous permettra de bénéficier des propriétés insectifuges du marc sans compromettre la santé de vos végétaux sensibles.

Source : https://organizen.fr/quelles-plantes-naiment-pas-le-marc-de-cafe/